Porter la douleur : l’empathie en temps de crise au Burkina Faso
Christophe Sawadogo est un artiste Burkinabè qui a poursuivi ses études à l’université de Ouagadougou. Il a été marqué par l’influence des professeurs tels que Jean-Pierre Guingané et Raya Benjamen SAWADOGO . En arts plastique, Il a bénéficié du mentorat de Nicole Vincileoni. Sawadogo porte une vision artistique qui célèbre à la fois la beauté et la résilience.
Le tableau présente deux personnages dans une scène où l’un est porté dans les bras de l’autre. Celui qui est porté, peint d’un mélange de noir, jaune et rouge vif, incarne la douleur, la souffrance, et semble être au seuil de la mort. Quant à celui qui le soutient, il apparaît drapé dans une tunique bleue, croulant sous le poids de celui qu’il essaie de sauver. Son geste nous plonge au cœur d’un moment de crise, un instant intense de souffrance partagée. Ce tableau, intitulé Empathie et réalisé en 2024 par Christophe Sawadogo, transmet une émotion profonde à travers ce geste de solidarité dans l’adversité.
Les sentiments dominants qui émanent de cette œuvre sont la compassion et l’entraide symbolisées par l’effort surhumain de soutenir l’autre malgré le poids de la souffrance. Le personnage debout qui porte l’autre exprime une humanité inébranlable face à la détresse. D’autre part, celui qui est porté, dans sa douleur extrême, incarne la vulnérabilité d’une vie qui s’éteint.
Cette œuvre s’inscrit dans un contexte burkinabè marqué par une insécurité
L’artiste Sawadogo, touché par la crise qui frappe son pays, a voulu rappeler l’importance de l’empathie envers son prochain. Dans une société secouée par la violence, Christophe Sawadogo promeut à travers Empathie les valeurs d’intégrité, de solidarité, d’entraide et de cohésion sociale. Sa création n’est pas seulement une œuvre artistique, mais un acte de prise de position par rapport à la crise sécuritaire. C’est un engagement urgent face aux défis auxquels sont confrontés ses compatriotes. Il fait de cet instant suspendu un cri d’alerte, dans une situation de crise accentuée ici par l’utilisation des teintes vives comme le rouge et l’orange. Toutefois, au-delà de la douleur et du désespoir, le tableau laisse entrevoir une part d’humanité qui, même dans les moments les plus sombres, doit continuer de guider les populations menacées.
Une ambiguïté persiste dans la représentation des personnages : sont-ils humains ou hybrides ? Cette incertitude renforce la dimension symbolique de l’œuvre, confirmant l’idée que, dans l’adversité, la compassion, l’entraide et la nécessité de protéger la vie doivent transcender à la fois les apparences et les espèces. De plus, le fond vert, dans sa sobriété, crée un contraste déroutant avec les couleurs des personnages. Il rajoute un autre élément d’ambiguïté car il n’est pas clair s’il évoque une jungle sauvage ou un terrain de football. En l’absence d’autres éléments contextuels, cet arrière-plan ouvre à plusieurs interprétations possibles du cadre dans lequel cette scène dramatique se déroule.
Néanmoins, cette énigme renforce l’idée que la souffrance humaine ne connaît pas de frontières, qu’elle peut surgir aussi bien dans des espaces naturels que dans des lieux familiers du quotidien. Mais la réponse à cette violence comme l’indique le titre du tableau, doit toujours être l’empathie. La véritable force de l’œuvre réside non pas seulement dans la représentation de la violence, mais l’affirmation d’une humanité inébranlable face à celle-ci. C’est cette humanité qui transcende, éclaire et redonne un sens à l’ensemble de la composition.